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Souvenirs de la maison des à-côtés

Roman, chapitre 8

21 Décembre 2015 , Rédigé par Mermed

Roman, chapitre 8

 

8

Mermed se dit que pour la première fois il a parlé de Béa à des gens qui ne la connaissaient pas, il a parlé de Béa, qui était son cœur, son âme, la moitié de leur corps et qui a été tout cela pendant ses années ici. J’aurais peut être du raconter toute l’histoire à la flic, je l’aurais peut être fait si elle avait été seule, mais devant un type…Elle doit pas être tordue cette commissaire, c’est pas comme moi, pas tordu j’étais mais fou, fou d’amour, fou de ne pas mettre de filtre entre mon amour et les mots, tuer ce Dore, comme ça, un type très bien m’a dit Gregor. Lui il avait une passion, moi je ne m’intéresse à rien. Si tu commences, Mermed

Quoi? Tu te cherches, tu te trouves tu es capable de tenir ici, tu es en meilleur état que tu n’as jamais été. Est-ce que je lui en parle à la flic de Béa et de Marie, de ce qu’elles m’ont dit, est ce que j’ai bien compris, tu sais bien que tu as compris. Et ce type avec elles? Je sais qu’elle m’aimait Béa et de toutes façons moi je l’aimais c’est ce qui est important. Tu l’aimais elle, ou l’amour que tu avais pour elle? Il faut que je demande à Gregor si je parle de Marie et de ce qu’elles m’ont dit, pourquoi m’a t’elle parlé des dents? Une identification…Le corps pourrait être celui de Béa, mais pourquoi?

 

A sept heures Rolles et Dupuy essaient de retrouver le commissariat dans les rues de Turin prises dans ce brouillard qui envahit toute la grande plaine du Nord. Quand ils arrivent, Longhi est en train de terminer les papiers pour le transfert.

A neuf heures et quart le convoi est prêt à partir.

- Merci pour votre aide, Pietro.

- Et pour la visite de Venise.

- Piacere.

Le brouillard ne permet pas de rouler vite, mais dès que l’autoroute s’élève au dessus de Suse, il se déchire pour laisser place à un ciel magnifique.

- Tu vois ces montagnes au fond?

- Oui.

- Derrière c’est la France et le Briançonnais, c’est là que j’ai été faire cette randonnée au Mont Tabor dont je t’ai parlé l’année dernière.

La jonction entre les policiers italiens et français se fait côté français, comme prévu à onze heures et quelques minutes. Costani est placé dans une voiture française, et chacun des convois repart de son côté.

A une heure, Costani est dans une cellule au commissariat de Haran. Il a eu le droit d’appeler son avocat à Paris, mais celui ci qui est à un important procès d’assises ne peut pas venir, il lui envoie un de ses confrères de Haran.

Pendant une heure, Rolles et Dupuy racontent le déroulement de leur enquête à La commissaire, Ichebac et Blanc.

- Il est formidable ce Longhi

- Je vais envoyer un fax à ses patrons.

- Ce serait sympa d’en passer un aussi au commandant des carabiniers à Venise.

En attendant l’avocat de Costani qui arrive au commissariat à quatre heures, le labo fait les photos de Costani, prend ses empreintes et fait des prélèvements pour faire des tests génétiques. Dès qu’il arrive, il s’entretient une vingtaine de minutes avec on client, l’interrogatoire peut alors commencer.

Danielle Babel montre toutes les autorisations de transfert, les mandats à l’avocat et commence.

- Votre nom?

- Angelo Costani.

- Date de naissance?

Il répond à toutes ses questions d’état civil.

- Monsieur Costani vous êtes soupçonné du transfert d’un corps à la prison de Haran et de meurtre.

L’avocat demande des explications.

La commissaire raconte la location de la camionnette à Henoke, le transfert du colis.

- Si le corps était dans un colis, vous ne l’avez pas vu…

Danielle explique la procédure de livraison à la prison.

- Ça ne tient pas, vous ne pouvez rien prouver, sauf peut être que mon client était en train de charger un colis dans une camionnette.

- Nous avons d’autres éléments.

- Qui est la victime?

- Une femme.

Elle ne veut pas en dire plus, elle ne le peut pas elle attend d’être sûre. L’avocat qui a suivi l’affaire comme tout le monde sait que le visage était défiguré.

- Vous ne l’avez pas identifiée…

- Pratiquement si.

- Mais vous n’avez pas établi de lien avec Monsieur Costani…

- Vous avez quelque chose à ajouter Monsieur Costani?

- Non.

- Je vais vous confronter à quatre personnes qui vous ont vues.

Pendant que Ichebac s’occupe de présenter Costani aux trois employés d’Affitaunauto et au technicien EDF, La commissaire appelle le juge d’instruction, Ichebac revient avec Costani.

- Les quatre l’ont formellement reconnu.

- Bien. Monsieur Costani vous serez présenté demain après midi au juge d’instruction, en attendant nous vous gardons ici.

- Je serai chez le juge, Monsieur Costani.

 

Gregor est arrivé au parloir de une heure et demie.

- Quoi de neuf?

Mermed lui raconte ce qui s’est passé, le corps, les interrogatoires,

- Oui j’en ai entendu parler ce cadavre, qu’est ce que tu en penses?

- Je ne sais pas, les flics non plus. Ils nous ont tous interrogé.

- Tous les détenus?

- Oui, ils pensent que ce cadavre est un avertissement pour quelqu’un ici. Et puis ils nous ont interrogé une deuxième fois, le Marseillais, l’Elu, le Gros, le Grand et moi, Le Grand leur a demandé s’ils pensaient qu’il y avait un lien entre ce cadavre et l’un de nous, elle lui a dit oui.

- Et tu crois que c’est toi?

- Depuis une semaine, depuis le jour où l’on a trouvé ce corps, mais je ne le savais pas encore, je ne travaille plus, je pense à mon histoire avec Béa…

- Tu y as toujours pensé.

- Oui mais depuis quelques mois c’était beaucoup moins omniprésent.

- Tu as revu les flics?

- Oui, une femme commissaire.

- Qu’est ce que tu lui as dit?

- La deuxième fois j’ai donné le nom de Béa, pas celui de Marie, ni le tien, et je n’ai pas dit ce qu’elle m’avait dit, juste donné le nom. Mais j’ai raconté toute l’histoire au Grand

- Qu’est ce qu’il dit?

- Il m’a dit d’en parler aux flics, de dire que j’avais oublié Béa la première fois, que je ne pouvais pas en parler dans une liste de filles que je m’étais faites, c’est tout. Il m’a dit de voir avec toi si l’on devait parler de Marie, de toi, de ce qu’elles m’ont dit. Maintenant je pense que je devrais tout dire, montrer leurs photos.

- Pourquoi?

- Si, je dis bien si, cette histoire me concerne, autant que tout soit clair, j’en ai besoin, je dois savoir, je dois faire quelque chose dans cette histoire dans laquelle je n’ai été que quelqu’un de déboussolé par sa première histoire d’amour. J’ai besoin de savoir, et les flics vont m’y aider, comme toi, savoir ça m’aidera à m’accepter définitivement si ce corps est celui de Béa, il faut que je sache, il faut que je connaisse toute l’histoire. Si les photos, si l’histoire permettent de dénouer le mystère, je sais que je me sentirai mieux, totalement bien, peut être déçu mais en accord avec moi. Tu comprends?

- Oui…Il se peut que cette surveillance que j’ai subie y soit liée aussi…Les menaces aussi..

- Tu as été menacé?

- Oui, je ne te l’avais pas dit mais j’ai reçu des lettres de menace me demandant d’arrêter ces enquêtes ce n’est pas la première fois…

Ils n’avaient rien dit jusqu’à ce que Gregor ajoute,

- Et si tu parles j’aurai des nouvelles de Marie, peut être.

- Toi aussi, toujours…

- Non, je ne l’aime plus, mais je l’ai aimée, je veux savoir aussi. Je crois que le mieux ce serait que j’aille voir la commissaire, que je commence à lui raconter l’histoire et lui dise de revenir pour que tu lui racontes tout.

De sa voiture, il appelle le commissariat.

- Je souhaite parler à madame Babel.

- De la part?

- Gregor Samsa, journaliste au Spiegel.

- Madame le Commissaire rencontre les journalistes tous les soirs à sept heures…

- Je sais, je ne l’appelle pas pour lui demander des renseignements mais, peut être pour lui en apporter.

- Je vais noter votre numéro, je ne peux pas la déranger pour le moment, elle vous rappellera si elle le juge utile.

En passant devant le commissariat pour se rendre à l’hôtel où il a ses habitudes depuis des années, il croise les journalistes qui attendent du nouveau sur le type qui a été amené au commissariat, beaucoup d’entre eux le connaissent

- Tu es sur cette affaire aussi, Gregor?

- Pas vraiment.

Il leur dit qu’il vient depuis des années voir son copain à la prison.

- Tu dois avoir des renseignements de première.

- ....

 

A cinq heures tout le monde est parti, Costani est en cellule de garde à vue.

- Qu’est ce que vous en pensez?

- Ce ne sera pas facile, même reconnu, même si les cheveux sont les siens, ce sera dur de l’accuser de meurtre, peut être de complicité.

Un agent frappe à la porte du bureau.

- Entrez.

- Madame le Commissaire, un journaliste allemand a appelé.

- Vous lui avez dit que je voyais les journalistes à sept heures?

- Oui, mais il a des renseignements sur l’affaire de la prison.

- Comment s’appelle t’il?

- Gregor Samsa.

- C’est l’ami de Mermed, vous avez son numéro de téléphone?

- Oui.

Elle fait son numéro

- Gregor Samsa

- Commissaire Babel, vous voulez me parler?

- Oui, c’est assez long, je préférerais vous voir que dire tout cela au téléphone.

- Où êtes vous?

Gregor lui donne le nom de l’hôtel, elle y sera dans une vingtaine de minutes.

 

Gregor attend à la réception, il comprend que Mermed lui ait parlé de cette femme, elle est vraiment très séduisante.

- Monsieur Samsa?

- Bonsoir Commissaire, bonsoir Monsieur.

Ils s’installent au salon, où ils sont seuls, Gregor explique la série d’articles qu’il fait.

- Mais, bien que je fasse un article sur Mermed ce n’est pas pour vous poser des questions que je suis là.

- J’ai lu vos livres et les premiers articles de la série, c’est toujours passionnant de vous lire

- Merci, je vais vous raconter ce que je sais, je ne sais pas s’il y a un rapport avec votre enquête, mais s’il y en a un j’espère que vous me donnerez la primeur de l’enquête.

- Entendu.

Gregor parle pendant une heure. Mermed, les deux filles, Dore, Costani, les types qui l’ont suivi, les lettres de menaces.

- Vous les avez?

- Oui, des photocopies, les voici.

Il leur dit de revoir Mermed, il pourrait peut être apporté quelques compléments d’information.

- Mais il serait mieux que vous le voyez, seule, commissaire.

- Pourquoi?

- Après quatre ans de prison, il est plus réceptif, plus prolixe avec une femme, pardonnez moi Monsieur Ichebac.

- Je vous en prie,

- Pourquoi n’a t’il pas tout dit hier?

Gregor explique qu’il a connu Mermed à Sarajevo où il était avec la légion, qu’il lui a sauvé la vie, que la légion avait réussi à canaliser sa violence. Et il leur parle de cet amour total qu’il a eu pour Béa, il n’avait jamais connu cela. Il parle du chemin que Mermed a parcouru en prison, comme Dore d’ailleurs, quelle coïncidence!-

- Je crois que maintenant il peut être confronté aux parties de son histoire qu’il ignore encore et qu’il tiendra le coup.

- La fille dont on a trouvé le corps c’est à peu près sûrement Béatrice Tabor, je me suis demandé comment il réagirait?

- On en a parlé, il commence à penser que ça pourrait être elle, comment il réagira, il se croit costaud, il dit qu’il a besoin de savoir, je crois qu’il faut tenter le coup.

- J’irai le revoir demain.

Ils avaient bu l’apéritif en parlant de toute la série d’articles de Gregor et les deux policiers étaient partis.

- Vous êtes un sacré journaliste, je vais vous dire quelque chose, mais n’en parlez pas encore, le type que nous avons arrêté c’est Costani.

 

 

 

à suivre

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